Ecrit par ELHAFNAOUI HALI
traduit par :Abdelhamid Abou Ayoub

Un jour apprenant que ma photo a été publiée par « ElBassaïr », un sentiment de joie a ébranlé mon corps, il n'était pas question que j' attende l'arrivée de mon abonnement

Je me suis précipité, courant, acheter le journal sur lequel était publié ma photo.
Je me suis allongé sur mon lit tout content, contemplant ma photo, c'est une belle photo me dis _ai _ je ! , la plus belle des photos.

Chaque fois que je lise un article du journal je retourne contemplant de nouveau ma photo et je la vois encore plus belle, beauté que je ne connaissais pas auparavant

Je me suis rendu à mon bureau avec le sentiment que ma photo est plus belle, non que je suis plus beau, après une heure passée dans mon travail, je me suis aperçu que je n'ai pu écrire une seule lettre parce que je nageais avec ma photo en me disant « Ma photo dans le Journal?! » Puis je suis sorti dans la rue prenant avec moi mon turban il pourrait me servir d’empêcher les prises de photos que les journalistes (que j’ai imaginés me coincer partout) vont me demander en m’interviewant ,marchant avec le sentiment que les passants ne me quittaient pas de leurs regards, qu’ils me cèdent le passage à chaque fois que je les croise ,plus ,qu'ils sont en train de me suivre et dans leurs mains « El bassaïr » ne faisant que contempler ma photo la comparant avec moi ,pour ma part je me suis résigné à être indulgent et modeste avec eux en contre partie du grand intérêt qu'il porte à ma photo.
Puis je m’aperçois que parmi les passants personne ne me regarde et que rien de ce que j’ai imaginé n’est arrivé, aucun regard, aucun journaliste n'est venu me demander quoi que ce soit, pourtant vingt quatre heures se sont écoulées depuis la sortie du journal. Un sentiment de déception m'a accaparé et je me suis assis sur une chaise dans un café maure, puis je vois près de moi, un homme qui lisait le journal « el bassair », mon cœur commençait à battre, j'ai arrangé mon turban pour ressembler à celui que je portais dans la photo lui facilitant ainsi la tache afin qu’il puisse me reconnaitre et me demander si c'est bien ma photo qui est dans le journal.
J’attendais impatiemment qu’il tourne la page ou se trouvait ma photo, je le trouvais lent dans sa lecture et paresseux dans sa compréhension, j'ai même maudit les articles publiés dans le journal et qui l'empêchaient d'arriver rapidement à ma photo.
Cela me semblait interminable et après une demi heure d'attente tuante, je le vois enfin tourner la page du journal dans laquelle se trouve ma photo, mon regard se déplaçait furtivement entre ses yeux et ma photo, mon cœur battait attendant le moment ou ses yeux croisent ma photo, en vain, je me suis armé de courage alors, posant mon doigt sur elle(la photo) lui disant souriant, parlante non ?
se tournant vers moi d'une manière presque désintéressée il me dit en quoi cela peut me concerner mon frère?
Je lui dis: ne l'as-tu pas reconnue?
Il me dit : ça ne me regarde pas.
Mais c'est ma photo lui disais _ je !!
Et il me répondit en toute tiédeur, et après?
Cette réponse je l'ai perçue glaciale, comme s'il m'avait balancé un sceau d'eau froide sur ma tête, déçu je me suis levé trainant les pieds balbutiant tout au long de mon chemin et après..? Et rès. ?
C’est à ce moment que j’ai compris, je me suis alors apitoyé sur tous ceux qui se donnent l'importance jusqu'à la folie en publiant leurs noms dans les têtes de liste , et dans la Une des journaux (en temps de paix) et aussi à ceux qui interdisent à leurs frères de parler pendant qu'ils écoutent la radio ne voulant pas louper d’entendre leurs noms cités à l'occasion d'une requête qu'ils ont faite pour connaître si tel acteur s'est marié ou tel chanteur a eu un accident de voiture
Et j'ai su (à mes dépens) qu’à part ce qui est réalisé par mes propres mains, tout ce qui est dans la vie n'est que prétention, mensonge et camouflage.
Déchirant ma photo, libéré de mon égocentrisme, retournant à mon coin isolé, au coin de « HALI » l’inconnu, j'ai retrouvé le repos dans mon esprit et quelle a été ma satisfaction !
*Journal « el bassaïr » N° 330 1375 de l'hégire/ 1955

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